La guerre contre Jugurtha et Marius, « l’homme nouveau » (112-100)

Jugurtha (160-104) est le roi de Numidie, une province non rattachée à Rome. Il est le petit-fils éligitime de Massininissa et est adopté par son oncle Micipsa. Il reçoit, avec ses cousins Adherbal et Hiempsal Ier le royaume de Numidie. A sa mort, en 118, Micipsa laisse en indivis son royaume. Il s’était auparavant distingué comme commandant d’un contingent de cavalerie numide devant Numance (134) et s’était fait des amis dans la noblesse romaine. Ceci lui permet de comprendre les faiblesses du Sénat et il saura toujours, grâce aux richesses amassées par Masinissa, tirer profit de la corruption des nobles romains.

Jugurtha doit donc d’abord tuer Hiempsal Ier. Adherbal se réfugie à Rome qui procède au partage du royaume en 116. Jugurtha hérite des régions de l’ouest et Adherbal dispose de celles de l’est avec Cirta (Constantine). C’est dans cette ville qu’en 112, Jugurtha enferme son demi-frère et massacre les négociants italiens qui s’y étaient réfugiés. Rome lui déclare la guerre, un conflit raconté par l’historien Salluste dans le Bellum Jugurthinum. En 111, devant une armée consulaire, Jugurtha demande la paix. Le Sénat, possiblement corrompu par Jugurtha, accède à sa demande tandis que la plèbe pousse à la guerre. Finalement, Jugurtha est invité à Rome afin de se justifier. Il y fait assassiner son cousin Massiva et est expulsé. La guerre reprend en 110 et Caecilius Metellus réussit, en 109-108 à chasser Jugurtha du royaume numide avant de prendre la suite des opérations. Son lieutenant, Marius, devenu consul, prend le commandement de la guerre transformée en guérilla en 107. Il réussit quelques coups d’éclat tels que l’expédition contre Capsa et la prise de Cirta. Sylla, questeur de Marius, obtient que Bocchus Ier de Maurétanie, beau-père et allié de Jugurtha, livre le roi. En 105, Jugurtha est capturé et tombe entre les mains du questeur de Marius, Sylla. Jugurtha termine sa vie en prison en l’an 104 après le triomphe de Marius à Rome. La Numidie est alors divisée entre des princes que Rome contrôle et reçoit des colons romains, vétérans de Marius.

Marius (157-80) est, de son côté, un « homme providentiel » grâce au contexte politico-militaire. Héros de la guerre de Numance sous la direction de Scipion Emilien, il est élu tribun militaire en 129. Il devient ensuite questeur (121), tribun de la plèbe (119), préteur (115) et propréteur en Espagne. A son retour, il épouse Julia, une tante de César. En 109, il est léga de Metellus en Numidie lors de la guerre de Jugurtha et se présente au consulat. Il est élu consul en 107 avec le commandement de la lutte contre Jugurtha. Lors de son consulat, en 105, il gagne la guerre contre Jugurtha et fut élu à deux reprises au consulat : en 104 et en 103. Les peuples Cimbres et Teutons approchaient dangereusement de Rome et face à la menace d’une nouvelle guerre, Marius en vint à bout en 102 (Teutons) et en 101 (Cimbres) avant même qu’ils arrivent en Italie. Marius était ce qu’on appelle « un homme nouveau » (homo novus), c’est-à-dire qu’il n’était pas d’ascendance noble. Il devient le favori de la plèbe alors qu’il déplaisait à la noblesse. Il fut consul six fois (entre 105 et 100), ce qui était contraire aux us et coutumes. Durant son consulat, la plèbe jouissait d’une position privilégiée, ce qui déplaisait fortement à la noblesse. Il fit mettre en place la quaestio de maiestate, un tribunal défendant les intérêts de la plèbe, ainsi qu’une loi permettant de distribuer des terres aux vétérans de Marius et de fonder des colonies. La loi fut votée par la force, ce qui était synonyme de troubles à venir. La multiplication des contestations poussa le Sénat à se ranger du côté de Marius et à lui confier la tâche de restaurer la République, même de force. Or, c’est sans compter sur l’arrivée de Sylla qui joua un rôle dans la guerre contre Jugurtha et qui mit en place une dictature qui fera l’objet d’un prochain post.