Cinna et Marius contre Sylla : vers une nouvelle période de désordre interne (88-84)

Lucius Cornellus Sylla (138-78) a participé à la capture de Jugurtha et était proche de Marius. Il s’est notamment illustré dans la guerre contre les Cimbres et les Teutons. Il est un aristocrate issu d’une vieille famille et, amateur de lettres grecques, c’était un grand diplomate intéressé par les carrières politiques les plus élevées.

Le climat politique, on l’a vu précédemment, est particulièrement délicat suite à la guerre sociale entre les Romains et les Italiens. Malgré la paix retrouvée en 89, Marius était tombé dans un oubli relatif est Sylla est devenu consul en 88. Il est désormais le « grand homme de la République ». Le début de son consulat se fait dans des circonstances particulières en raison des luttes fratricides qui viennent de s’achever. En outre, l’avancée du roi Mithridate en Orient donnait du fil à retordre aux Romains : ce personnage occupait la Cappadoce et avait battu les alliés de Rome. L’Etat était cependant instable sur la politique intérieure et une défense extérieure paraissait impossible. Toute la responsabilité des opérations revenaient donc à Sylla. Mithidrate avançait et il réussit à capturer Manius Aquilius à Milylène, « et le fit venir à Pergame, enchaîné sur un âne, avec un écriteau sur lequel on lisait : « Je suis Manius Aquilius, magistrat du peuple romain. » Pour le mettre à mort, il organisa un grand spectacle au cours duquel on fit fondre de l’or que l’on coula dans la gorge de la victime » (Hinard, 2000, p. 630). Face à cette offensive de Mithidrate, le Sénat confie le commandement de la province d’Asie occupée par le roi du Pont à Sylla et ce, contre l’avis des populares qui préféraient Marius et qui avait l’expérience de la guerre.

Marius décide alors de prendre le commandement de la Campanie mais Sylla réagit et marche sur Rome. Il obtient du Sénat que Marius soit banni. Le passage de Marius inaugure une forme de polarisation du pouvoir entre les mains d’un seul homme, appuyé sur l’armée.

En 88, des élections ont lieu pour les magistratures de l’année suivante : c’est Lucius Cornellus Cinna qui est élu et, a priori, Sylla n’y était pas hostile. Cinna, de son côté, multipliait les promesses visant à garantir la continuité des activités de ses prédécesseurs. Cinna avait repris le projet d’inscrire les nouveaux citoyens dans toutes les tribus, ce qui plaisait aux Italiens mais beaucoup moins aux Sénateurs. Cinna est destitué et une nouvelle guerre civile a lieu. En effet, Cinna parcourt l’Italie en racontant son sort et émeut le peuple tout en réunissant une armée. La situation est plutôt favorable à Cinna et Marius, de son côté, annonce rejoindre Cinna. Au même moment, une épidémie se déclenche et les Romains se réfugient auprès de Cinna. Ce dernier fait son entrée à Rome, accompagné par Marius toujours exilé, et l’exil de ce dernier est annulé.

Commença alors une période de terreur dont la première victime fut le consul Ocatuius. Il s’était laissé persuader de rester à Rome par les devins qui l’entouraient en permanence (Hinard, 2000, p. 642)

Cinna et Marius font régner un climat de terreur visant à se débarrasser de leurs adversaires politiques tout en libérant des esclaves qui se livrèrent à des exactions. Cinna et Marius lancèrent des procès contre des personnages célèbres qui furent exécutés ou poussés au suicide. En 86, Cinna est de nouveau consul tandis que Marius l’est pour la septième fois. Cependant, il mourut rapidement. Les années suivantes, Cinna est de nouveau élu consul et ce sont des années relativement pacifiques, jusqu’à sa mort en 84.

Source :

Hinard F. « Les années noires » in Hinard F. (dir.) Histoire Romaine tome 1, Paris, Fayard, pp. 611-661

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