La philosophie de Jean Scot Erigène en 3000 signes

Né en Irlande vers l’an 800 et décédé en 877, Jean Scot Erigène est un philosophe, théologien et traducteur du haut Moyen-âge. Il a vécu pour l’essentiel à la cour du roi Charles le Chauve (823-877). A partir des années 860, il a traduit les œuvres du Pseudo-Denys l’Aréopagite (vers l’an 500), de Maxime le Confesseur (mort en 662) et de Grégoire de Nysse (335-395). Il est connu pour ses livres La prédestination divine (851), le commentaire de la hiérarchie céleste du Pseudo-Denys et pour son commentaire sur l’Evangile de Saint Jean. En philosophie, il est surtout célèbre pour La Division de la nature ou Periphyseon, un vaste dialogue composé de cinq livres qui est un livre de « physique » qui étudie l’univers à travers le double mouvement de « division » et « d’analyse ». La division renvoie à la manière dont elle structure l’univers qui est un tout cohérent mais qui est divisible en catégories. A l’inverse, l’analyse est le processus intellectuel qui permet de remonter à la compréhension de l’unité divine sous-jacente à toutes les divisions du monde.

La Division de la Nature

Dans l’histoire de la philosophie, De la division de la nature occupe une place particulière car elle est la seule œuvre majeure située entre le néoplatonisme (jusqu’au VIe siècle) et la Renaissance du XIIe siècle (marquée par Abélard par exemple). Chez Erigène, la Nature est le genre suprême qui contient à la fois l’être et le néant : comme l’explique le personnage Nutritor au début du livre I du Periphyseon : « Nature est un nom générique qui désigne l’ensemble des choses, celles qui sont et celles qui ne sont pas » (441a).

Pour Erigène, la Nature se divise entre quatre espèces au moyen de quatre différences :

La première division repose sur ce qui créé et n’est pas créé (Dei natura, la nature divine) : il s’agit de la cause de toutes choses et qui ne peut être engendré

La deuxième division désigne ce qui est créé et qui crée (Natura creata et crens) : il s’agit des puissances créées par Dieu qui ont la capacité d’agir en créant. Cette notion est essentielle parce qu’elle permet de comprendre comment les humains sont créés et peuvent, à leur tour, créer.

La troisième division désigne ce qui est crée et ne crée pas (Natura creata et non creans) : l’ensemble des choses qui se montrent à nous par la génération dans l’espace et dans le temps

La quatrième désigne ce qui n’est pas crée et ne crée pas (Natura non creans et non creata) : son être est de ne pouvoir être : cela désigne ce qui est uniquement accessible par la raison et pas par les sens (vue, toucher etc.).

L’univers tel qu’il est décrit chez Erigène sera condamné à titre posthume par l’Eglise au XIIIe siècle et les lecteurs du Periphyseon risquaient l’excommunication. Aujourd’hui, cet auteur est globalement méconnu en raison de la complexité de son œuvre. Néanmoins, Arthur Schopenhauer lui rend hommage dans Parerga et Paralipomena en écrivant : « Cet homme admirable nous offre le spectacle intéressant de la lutte entre la vérité reconnue et saisie personnellement, et les dogmes locaux, fixés par un endoctrinement précoce, et qui se sont développés en dehors de tout doute, au moins de toute attaque directe, côte à côte avec l’effort procédant d’une noble nature, pour ramener à l’harmonie, par tel ou tel moyen, la dissonance ainsi créée ».

Une réponse à « La philosophie de Jean Scot Erigène en 3000 signes »

  1. Je ne connaissais pas du tout Erigène. Merci de la découverte !

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