Histoires de fantômes en Papouasie-Nouvelle Guinée

Direction la Papouasie Nouvelle-Guinée pour la présentation de contes connus par tradition orale. Ces récits sont ceux des Orokaïva, une société de la province Oro (mettre carte). Les récits ont été compilés par deux anthropologues, Eric Schwimmer et André Iteanu, qui sont restés respectivement vingt-neuf ans et quinze ans dans ce pays. Ils ont appris la langue orokaïva et proposent de présenter quelques récits (43 précisément). Je propose de vous en présenter deux qui évoquent les spectres et fantômes, tant l’imaginaire autour de ces êtres surnaturels est international et nous inspire la peur, comme nous l’avons vu avec l’histoire du chien qui a peur des fantômes au Cambodge.

La voix des esprits

Un homme de la tribu Aumo était seul quand il vit un calao percer un trou dans un arbre pour y pondre ses oeufs dans un trou.

Calao (source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f8/Rhinoceros_hornbill_national_aviary.jpg/1280px-Rhinoceros_hornbill_national_aviary.jpg)

Lorsque les oeufs ont éclos et que les oisillons ont grandi, l’Aumo abat l’arbre. A ce moment-là, plusieurs hommes de la tribu Uve sont en train de chasser. Ils arrivent près de l’Aumo et, de peur qu’il soit capturé, il s’arrête de chanter le « chant de capture » :

Ijie de ae gubore ijie e
Ijie de ae e Kojave ijie e
Ijie de ae e

En sifflant cet air, il abat l’arbre et capture les oiseaux. La pluis arrive alors et il va se réfugier dans une caverne. Les Uve avaient, eux aussi, repéré cet endroit pour se mettre à l’abri. L’Aumo craignit alors que les Uve le repèrent et, de leur côté, les Uve avaient peur d’être capturés par un fantôme. L’Aumo eut alors une idée : il prit l’un des oiseaux pour piquer dans le dos l’un des Uve qui se rapprochait de lui. Cela fit peur aux Uve qui déclarèrent : « Les fantômes me mordent ! » Les calaos représentent en effet les esprits dans les traditions. Plus ils disaient cela, plus l’Aumo piquait les Uve avec les calaos. Alors ceux-ci prirent peur et s’enfuirent en laissant derrière eux leurs provisions. L’Aumo reste seul mais les calalos se mirent à crier « eeeee » à la manière des fantômes. L’Aumo sortit alors également de la caverne déconcerté par cette aventure.

Source :

Iteanu et Schwimmer, Parle, et je t’écouterai. Récits et traditions des Orokaïva de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paris, Gallimard, 1996

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