L’Odyssée, résumé détaillé des chants IX à XIII : Le voyage d’Ulysse et de ses compagnons

  1. Chant IX : Ulysse et ses compagnons contre le Cyclope Polyphème
  2. Chant X : Chez Éole, le dieu des vents et chez la sorcière Circé
  3. Chant XI : La descente aux Enfers
  4. Chant XII : Sur la route des Sirènes, de Skylla et sur l’île d’Helios
  5. Chant XIII : Ulysse de retour à Ithaque

Note : Pour un résumé complet de l’Iliade, de l’Odyssée et des textes relatifs à Troie, voir : https://lesitedushifa.fr/a-la-decouverte-du-cycle-troyen/

Chant IX : Ulysse et ses compagnons contre le Cyclope Polyphème

Interrogé par Alkinoos sur son identité, Ulysse lui fait cette réponse :

« Seigneur Alkinoos, l’honneur de tout ce peuple, j’apprécie le bonheur d’écouter un aède, quand il vaut celui-ci : il est tel que sa voix l’égale aux immortels ! et le plus cher objet de mes vœux, je te jure, est cette vie de tout un peuple en bon accord, lorsque, dans les manoirs, on voit en longues files les convives siéger pour écouter l’aède quand, aux tables, le pain et les viandes abondent et qu’allant au cratère, l’échanson vient offrir et verser dans les coupes. Voilà, selon mon plein gré, la plus belle des vies ! Mais, touché par mes pleurs, tu veux savoir ma peine : tu veux donc redoubler ma tristesse et mes larmes ? Ah ! par où débuter ? par où continuer ? Et comment jusqu’au bout te conter les souffrances, dont m’ont comblé les dieux, les habitants du ciel ?

Mais je veux commencer en vous disant mon nom : que vous le sachiez tous ! et, si le jour cruel m’épargne, que, pour vous, je sois toujours un hôte, si loin que je demeure !

C’est moi qui suis Ulysse, oui, ce fils de Laërte, de qui le monde entier chante toutes les ruses et porte aux nues la gloire » (p. 675).

A la suite de sa révélation, Ulysse raconte son voyage en commençant par énumérer les endroits où il est resté captif : chez la nymphe Calypso et chez la sorcière Circé notamment. Mais il revient en détail sur l’ensemble de son voyage depuis son départ de Troie.

Arrivé au pays des Kikones, chez des alliés de Troie, il a participé à piller la ville et à tuer les guerriers. Les Kikones finissent par l’emporter et Ulysse repart avec son équipage sur la mer. Ils sont transportés sur une île où il n’y a qu’une fleur à manger. Il s’agit des Lotophages, un peuple mythique. Des membres de l’équipage d’Ulysse veulent rester avec eux et il doit les ramener de force sur le navire. Ensuite, ils arrivent « au pays des Yeux Ronds » (les Cyclopes), « brutes sans foi ni lois, qui, dans les Immortels, ont tant de confiance qu’ils ne font de leurs mains ni plants ni labourages ; sans travaux ni semailles, le sol leur fournit tout, orges, froments, vignoble et vin de grosses grappes, que les ondées de Zeus viennent gonfler pour eux ». Devant l’île des Cyclopes, il existe une autre île, l’Île Petite, sur laquelle les navires d’Ulysse s’arrêtent. Ils dînent et Ulysse propose d’aller sur l’île des Cyclopes pour savoir s’ils sont des bandits ou s’ils sont accueillants. Ulysse demande à son équipage de l’accompagner et il rentre dans une caverne qui sert d’étable à « de nombreux troupeaux de brebis et de chèvres » (p. 679). Avec douze hommes, Ulysse part vers la caverne en prenant avec lui du vin et de l’or. Dans la caverne, ils voient des animaux, du fromage… Et les douze hommes veulent emporter le fromage mais Ulysse refuse. En réalité, le roi d’Ithaque veut savoir si le Cyclope est accueillant. Ils mangent, font un feu et mangent des fromages en attendant dans la grotte. Le Cyclope revient alors et fait rentrer son troupeau. Il replace un roc devant l’entrée de la caverne et se met à traire son troupeau de brebis et de chèvres. Il allume un feu et voit Ulysse et ses compagnons. Il leur demande s’ils sont des marchands ou des voleurs ainsi que leurs noms. Ulysse explique alors qu’ils sont Achéens et qu’ils reviennent de Troie. Il lui demande l’hospitalité au nom de Zeus. Alors le Cyclope répond :

« Tu fais l’enfant, mon hôte ! ou tu nous viens de loin ! Tu veux que moi, je craigne et respecte les dieux ! Sache que les Yeux Ronds n’ont à se soucier ni des fieux fortunés ni du Zeus à l’égide : nos sommes les plus forts. Non ! sans égard pour la haine de Zeus, je ne t’épargnerai, toi et tes compagnons, que s’il plaît à mon cœur… Mais dis-moi le mouillage où tu mis, en venant, ton solide navire ? est-ce au bout de la pointe ou plus près ? que je sache » (p. 681).

Ulysse lui raconte alors que son navire a été brisé par Poséidon et que l’île les a sauvés. Le Cyclope prend alors deux compagnons d’Ulysse et les brise au sol avant de les dévorer. Le lendemain, il tue à nouveau deux compagnons d’Ulysse avant de les manger, et il emmène ses moutons vers la montagne avant de remettre le gros roc en place pour fermer la caverne. En apercevant une massue, Ulysse a une idée : la polir et en tailler la pointe pour la transformer en pieu. Le soir, le Cyclope revient avec son troupeau et Ulysse lui propose du vin. Le Cyclope apprécie et lui demande son nom :

« Tu veux savoir mon nom le plus connu, Cyclope ? je m’en vais te le dire (…) C’est Personne, mon nom : oui ! mon père et ma mère et tous mes compagnons m’ont surnommé Personne » (p. 683).

Le Cyclope lui annonce alors qu’il le mangera en dernier. Sous l’effet du vin, le Cyclope s’endort et Ulysse ainsi que ses compagnons font brûler le pieu dans le feu et l’enfoncent dans l’œil du Cyclope qui se réveille d’un coup. Il appelle à l’aide ses voisins qui lui demandent :

« Polyphème, pourquoi ces cris d’accablement ? Pourquoi nous réveiller en pleine nuit divine ? Serait-ce ton troupeau qu’un mortel vient te prendre ? Est-ce toi que l’on tue par la ruse ou par la force ?

De sa plus grosse voix, Polyphème criait du fond de la caverne :

« La ruse, mes amis ! la ruse ! et non la force ! Et qui me tue ? Personne ! »

Les autres de répondre avec ces mots ailés :

« Personne ? contre toi, pas de force ? Tout seul ? C’est alors quelque mal qui te vient du grand Zeus, et nous n’y pouvons rien : invoque Poséidon, notre roi, notre père ! » (p. 684).

Le Cyclope va alors lever le rocher du portail et s’assis en travers de l’entrée pour attraper les humains au passage. Ulysse a alors une idée : se cacher sous les béliers de sorte que Polyphème ne se rende pas compte de leur présence. Lorsqu’ils sont tous sortis de la caverne, ils retournent vers les navires et Ulysse se moque du Cyclope. Ce dernier lance alors une grosse pierre qui manque de peu le navire et Ulysse se moque de nouveau de lui en lui révélant son identité. Alors le Cyclope répond qu’il va invoquer son père, Poséidon, pour le venger. Ce faisant le dieu des mers exauce la prière de son fils et ils retournent dans l’île des Cyclopes. Lorsque le matin revient, ils reprennent la mer.

Chant X : Chez Éole, le dieu des vents et chez la sorcière Circé

 Ils arrivent ensuite à Éolie, la demeure d’Éole, le dieu des vents. Durant un mois, Ulysse est interrogé et il raconte son voyage. Quand Ulysse et son équipage veulent repartir, le dieu leur fait un cadeau :

« Il écorche un taureau de neuf ans ; dans la peau, il coud toutes les aires des vents impétueux, car le fils de Cronos l’en a fait régisseur ; à son plaisir, il les excite ou les apaise. Il me donne ce sac, dont la tresse d’argent luisante ne laisser passer aucune brise ; il s’en vient l’attacher au creux de mon navire ; puis il me fait souffler l’haleine d’un zéphyr, qui doit, gens et vaisseaux, nous porter au logis… Hélas ! Avant le terme, la folie de mes gens allait nous perdre encore… » (p. 689).

En effet, durant neuf jours et neuf nuits, ils voguent sans difficultés mais le dixième, ils arrivent près d’Ithaque. Ulysse s’endort et son équipage commence à se disputer à propos du cadeau d’Éole. Ne sachant pas ce qu’il contient, ils décident de l’ouvrir. Tous les vents s’échappent et le navire s’en va loin des côtes. Ils retournent chez Éole mais le dieu l’interroge sur les raisons de son retour. Or, Éole n’est plus aussi avenant : « Décampe de mon île, ô le rebut des êtres ! car je n’ai plus le droit de t’accorder mes soins, ni te reconduire : un homme que les dieux fortunés ont en haine ! Décampe ! tu reviens sous le courroux des dieux » (p. 690). Ils reprennent la mer et voguent durant six jours. Au septième, ils atteignent le pays lestrygon, un pays de géants anthropophages. Arrivés sur l’île, Ulysse désigne trois personnes pour aller en reconnaissance mais en pénétrant dans le palais, la reine appelle son mari, le roi Antiphatès, qui tue l’une des personnes. De nombreux géants arrivent à son appel et jettent des pierres en direction d’Ulysse et de son équipage. De nombreux vaisseaux sont fracassés et des membres de l’équipage sont capturés pour être dévorés. Ulysse et son équipage parvient à fuir mais au prix de nombreuses vies.

Ils gagnent ensuite Aiaié, une île dans laquelle vit la sorcière Circé. Ulysse propose de faire demi-tour mais « un dieu met sur ma route un énorme dix-cors qui, du pâtis des bois, descendait boire au fleuve ». Ulysse le chasse et retourne sur le navire avec le cerf. Le lendemain, il propose d’accoster sur l’île vue la veille et envoie une partie de son équipage vers la maison de Circé. Elle les invite à rentrer et leur sert à manger tout en ajoutant une drogue dans le repas. Ils se transforment alors en porcs et Circé va les enfermer. Euryloque, qui était envoyé par Ulysse, raconte ce qui s’est passé en précisant « Moi seul, j’étais resté ; j’avais flairé le piège… Leur troupe a disparu ; pas un n’est ressorti ; pourtant, je suis resté longtemps à les guetter » (p. 695). Ulysse décide d’y aller mais Hermès, sous la forme d’un jeune homme, lui explique que Circé transforme ses visiteurs en porc et qu’il serait dangereux pour lui d’y aller. Mais il lui fait un cadeau : l’herbe de vie, qui permet de conjurer les maléfices de Circé. Il lui conseille également de tirer son glaive lorsque Circé la tapera de sa baguette de bois pour le transformer en porc. Il doit faire semblant de la tuer, alors elle l’amènera à son lit. Il ne peut pas refuser, mais il doit lui faire promettre qu’elle ne veut pas lui faire de mal. Hermès lui donne l’herbe et s’en va. Ulysse va alors au manoir de Circé, l’appelle et elle vient. Elle lui propose le repas, verse la drogue dans la coupe, et lorsqu’Ulysse la boit, il ne se passe rien. Il tire son glaive, fait semblant de la tuer et elle l’implore en lui demandant qui il est parce qu’aucun mortel n’a résisté à son poison. Elle précise « C’est donc toi qui serais Ulysse aux mille tours ? Le dieu aux rayons clairs, à la baguette d’or, m’avait toujours prédit qu’avec son noir croiseur il viendrait, cet Ulysse, à son retour de Troie… » (p. 696). Comme Hermès l’avait prédit, elle l’invite à dormir. Il lui fait jurer qu’elle ne lui fera rien, elle jure et il se couche. Le lendemain, il le fait laver et lui propose à manger mais Ulysse refuse tout repas. Circé ne comprend pas mais le roi d’Ithaque lui explique qu’il veut retrouver son équipage. Alors elle va chercher plusieurs porcs et elle les retransforme en humains. Circé lui donne alors la route à suivre en lui demandant d’aller cacher leurs biens dans les grottes et de revenir sur son île. Ulysse s’exécute et ils retournent chez Circé après avoir fait ce qu’elle avait suggéré. Le reste de l’année, Ulysse et son équipage sont bien traités mais au printemps, son équipage lui explique qu’il doit rentrer au pays. Alors Ulysse explique à Circé qu’il doit partir. Elle lui conseille alors d’aller chez Hadès et Perséphone pour rencontrer le devin Tirésias de Thèbes. Ulysse lui demande alors le chemin à suivre :

« Dressant le mât, déploie les blanches voiles ! puis, assis, laisse faire au souffle du Borée qui vous emportera. Ton vaisseau va d’abord traverser l’Océan. Quand vous aurez atteint le Petit Promontoire, le bois de Perséphone, ses saules aux fruits morts et ses hauts peupliers, échouez le vaisseau sur le bord des courants profonds de l’Océan ; mais toi, prends ton chemin vers la maison d’Hadès ! à travers le marais, avance jusqu’aux lieux où l’Achéron (le fleuve des enfers) reçoit le Pyriphlégéthon (le fleuve aux flammes ardentes) et les eaux qui, du Styx (le fleuve infernal), tombent dans le Cocyte (autre fleuve des enfers). Les feux fleuves hurleurs confluent devant la Pierre : c’est là qu’il faut aller – écoute bien mes ordres -, et là, creuser une fosse carrée d’une coudée ou presque. Autour de cette fosse, fais à tous les défunts trois libations, d’abord de lait miellé, ensuite de vin doux, et d’eau pure en troisième ; puis, saupoudrant le trou d’une blanche farine, invoque longuement les morts, têtes sans force ; promets-leur qu’en Ithaque aussitôt revenu, tu prendras la meilleure de tes vaches stériles pour la sacrifier sur un bûcher rempli des plus belles offrandes ; mais, en outre, promets au seul Tirésias un noir bélier sans tache, la fleur de vos troupeaux. Quand ta prière aura invoqué les défunts, fais à ce noble peuple l’offrande d’un agneau et d’une brebis noire, en tournant vers l’Erèbe (région infernale où règnent les ténèbres) la tête des victimes ; mais détourne les yeux et ne regarde, toi, que les courants du fleuve. Les ombres des défunts qui dorment dans la mort vont accourir en foule. Active alors tes gens : qu’ils écorchent les bêtes ; qu’ils fassent l’holocauste en adjurant les dieux, Hadès le fort et la terrible Perséphone ; quant à toi, reste assis ; mais, du long de ta cuisse, tire ton glaive à pointe, pour interdire aux morts, à ces têtes sans force, les approches du sang, tant que Tirésias n’aura pas répondu. Tu verras aussitôt arriver ce devin : c’est lui qui te dira, ô meneur des guerriers ! la route et les distances et comment revenir sur la mer aux poissons » (p. 701-702).

Ulysse annonce la nouvelle à son équipage qui n’est pas ravie du voyage mais Circé lui ramène le couple d’agneau et de brebis noire nécessaire au rituel pour pénétrer l’Hadès.

Chant XI : La descente aux Enfers

Le lendemain, ils arrivent au lieu indiqué par Circé et Ulysse accomplit le rituel décrit précédemment. Les ombres des défunts arrivent alors, encore armées. Il rencontre notamment l’un de ses compagnons, tombé sous le charme de Circé et mort d’un accident domestique. Tirésias arrive et l’interroge sur sa venue. Il lui explique ensuite que Poséidon lui en veut d’avoir aveuglé le Cyclope Polyphème qui est son fils. Tirésias l’invite à aller sur l’Île du Trident qui héberge les vaches du Soleil, « le dieu qui tout entend » (p. 705). Il est absolument défendu de toucher à son troupeau et de les maltraiter car s’il fait cela, il ne pourra jamais retourner à Ithaque ou bien, s’il en revient, ce serait pour retrouver sa femme courtisée par d’autres et dans un état de misère important. Il lui faudrait également faire un sacrifice à Poséidon pour apaiser sa colère. Ulysse interroge ensuite Tirésias sur les différents esprits présents dans l’Hadès, celui de sa mère notamment, qu’il a vu mais qu’elle semble ne pas reconnaître. Tirésias lui répond alors que les morts peuvent choisir de se montrer ou non, mais qu’un vivant ne devrait pas être présent en ces lieux. La mère d’Ulysse vient boire le sang fumant des animaux sacrifiés et lui parle en l’interrogeant sur la guerre de Troie. Ulysse, de son côté, l’interroge sur la vie à Ithaque et apprend que son fils Télémaque ainsi que son père sont toujours en vie. Quant à elle, elle explique être morte de chagrin à l’idée de savoir son fils perdu. Dans les enfers, Ulysse rencontre un certain nombre de personnages célèbres du passé : la femme d’Amphitryon, mère d’Héraclès : la mère d’Œdipe, Chloris, courtisée par Nélée (le père d’Achille) ; Castor et Pollux ; Phèdre ; Ariane, la fille de Minos. Chez les phéaciens, « tous se taisaient dans l’ombre de la salle, et, tenus sous le charme, ils gardaient le silence » (p. 711). Alkinoos demande alors à Ulysse s’il a rencontré ses compagnons de la guerre de Troie. Ulysse raconte alors avoir retrouvé l’ombre d’Agamemnon. Il raconte les circonstances de sa mort et a été trahi par Eghiste et Clytemnestre, sa femme. Agamemnon, raconte également que Cassandre, la fille d’Hécube et de Priam, a été égorgée par Clytemnestre. Il lui demande alors des nouvelles d’Oreste, la sœur de Cassandre. Ulysse répond ne rien savoir. Et puis les ombres de Patrocle et d’Achille apparaissent. Achille demande alors des nouvelles de son père et de son fils Néoptolème. Ulysse lui raconte l’arrivée de son fils dans la guerre de Troie, son rôle dans le cheval de Troie et la manière dont il a saccagé la ville. Ajax le Grand est également présent mais reste isolé, encore en colère par rapport au jugement des armes d’Achille. D’autres personnages célèbres apparaissent à Ulysse, comme Tantale, le roi de Phrygie. Il voit également Sisyphe et Héraclès qui le flatte. Mais Ulysse doit remonter et quitter les enfers.

Chant XII : Sur la route des Sirènes, de Skylla et sur l’île d’Helios

Ulysse et ses compagnons retournent chez Circé qui est étonnée de les revoir et elle explique qu’elle leur donnera la route qu’ils doivent emprunter le lendemain : ils vont devoir passer près des Sirènes :

« Elles charment tous les mortels qui les approchent. Mais bien fou qui relâche pour entendre leurs chants ! Jamais en son logis, sa femme et ses enfants ne fêtent son retour : car de leurs fraîches voix, les Sirènes le charment, et le pré, leur séjour, est bordé d’un rivage tout blanchi d’ossements et de débris humains, dont les chairs se corrompent… Passe sans t’arrêter ! Mais pétris de la cire à la douceur de miel et, de tes compagnons, bouche les deux oreilles : que pas un d’eux n’entende ; toi seul, dans le croiseur, écoute, si tu veux ! mais, pieds et mains liés, debout sur l’emplanture, fais-toi fixer au mât pour goûter le plaisir d’entendre la chanson, et, si tu les priais, si tu leur commander de desserrer les nœuds, que tes gens aussitôt donnent un tour de plus ! » (p. 720).

Circé explique qu’ensuite, ils vont devoir choisir entre deux routes : la première est celle des Pierre du Pinacle, « où rugit le grand flot azuré d’Amphirite (la mer) : chez les dieux fortunés, on les appelle Planktes » (p. 720). Cette route n’est empruntée par aucun être vivant, pas même les oiseaux, parce que le rocher peut engloutir tout de qui passe à sa portée « par la vague et par des tourbillons de feu dévastateurs » (p. 720). L’autre route est celle des « Deux Ecueils », il s’agit de la route de Skylla, un monstre marin, qui est :

« Un monstre affreux, dont la vue est sans charme et, même pour un dieu, la rencontre sans joie. Ses pieds – elle en a douze – ne sont que des moignons ; mais sur six cous géants, six têtes effroyables ont, chacune en sa gueule, trois rangs de dents serrées, imbriquées, toutes pleines des ombres de la mort. Enfoncée à mi-corps dans le creux de la roche, elle dardes ses cous hors de l’antre terrible et pêche de là-haut, tout autour de l’écueil que fouille son regard, les dauphins et les chiens de mer et, quelquefois, l’un de ces plus grands monstres que nourrit par milliers la hurlante Amphirite » (p. 721).

L’autre Ecueil « porte un grand figuier en pleine frondaison, c’est là-dessous qu’on voit la divine Charybde engloutir l’onde noir : elle vomit trois fois chaque jour, et trois fois, ô terreur ! elle engouffre. Ne va pas être là pendant qu’elle engloutit, car l’Ebranleur du sol (Poséidon) lui-même ne saurait te tirer du péril… Choisis plutôt Skylla, passe sous son écueil, longe au plus près et fil ! Il te vaut mieux encor pleurer six compagnons et sauver le vaisseau que périr tous ensemble » (p. 721-722).

Circé explique ensuite que Skylla est immortelle et que sa roche ne peut être brisée. La seule solution est de naviguer « en hélant Crataïs, la mère de Skylla ; c’est d’elle que naquit ce fléau des humains ; c’est elle qui mettra le terme à ses attaques » (p. 722).

Une fois cette route passée, Ulysse devrait arriver « à l’Île du Trident où pâturent en foule les vaches du Soleil et ses grasses brebis » (p. 722). Il ne faut surtout pas toucher au troupeau parce que sinon, tout serait perdu. Une fois ces mises en gardes réalisées, Circé remonte sur son île et Ulysse retrouve son navire. Ils embarquent et le roi d’Ithaque présente les mises en garde réalisées par la sorcière à propos des Sirènes. L’équipage met donc de la cire dans ses oreilles et Ulysse est attaché au mât. Les Sirènes, en voyant le navire approcher, chantent les exploits du héros de l’Iliade en lui demandant de les écouter. Ulysse résiste et une fois qu’ils ont passé cet obstacle, ils voient au lin « la fumée d’un grand flot dont [Ulysse] entend les coups sourds » (p. 724). Il s’agit de Skylla et Ulysse rassure son équipage en expliquant qu’ils ont traversé d’autres périls. Il leur dit qu’ils doivent éviter Charybde « avalant l’onde amère » et de l’autre Skylla. Au moment du passage, Skylla enlève six compagnons d’Ulysse en les engloutissant et, au final, ils parviennent à doubler les Ecueils. Ils arrivent ensuite vers l’île du Soleil et Ulysse leur dit que Tirésias lui a déconseillé d’accoster sur cette île. Euryoloque, l’un des compagnons d’Ulysse, demande à s’y arrêter tout de même. Ulysse accepte mais demande de ne pas toucher au troupeau car ce serait de l’impiété. Arrivés sur l’île du Soleil, Euryoloque suggère de tuer les vaches du Soleil pour se nourrir. Ils invoquent les dieux et se mettent à la chasse. Ulysse, s’en apercevant, « fond en pleurs » et invoque Zeus. Le Soleil, s’apercevant de la mort de ses animaux, appelle les dieux :

« Zeus le Père et vous tous, éternels Bienheureux, faites payer aux gens de ce fils de Laërte le meurtre de mes bêtes. Ah ! les impies ! c’était ma joie quand je montais vers les astres du ciel ou quand, mon  tour fini, du haut du firmament, je rentrais sur la terre… Si je n’en obtiens pas la rançon que j’attends, je plonge dans l’Hadès et brille pour les morts ».

Hélios menace ainsi de renverser l’ordre du monde. Zeus lui demande de rester briller pour la terre et promet de punir les gens d’Ulysse en foudroyant les navires. Durant six jours ils naviguent et mangent les bœufs d’Hélios mais Zeus tient sa promesse et envoie à la fois la foudre et des tempêtes. Ils finissent par se retrouver devant Charybde et Skylla. Au final, tout l’équipage, sauf Ulysse, sont perdus et Ulysse parvient à arriver à l’île de Calypso où il reste prisonnier.

Chant XIII : Ulysse de retour à Ithaque

Ulysse a terminé son récit et Alkinoos lui répond que pour rentrer chez lui, il n’aura plus d’aussi longues aventures. Ils préparent le dîner et la nuit, Alkinoos et ses hommes vont déposer un ensemble de cadeaux sur le navire que reprend Ulysse pour rentrer à Ithaque. Ulysse les remercie et monte sur ne navire, embarquant pour Ithaque. Ils arrivent sur un des ports et déposent Ulysse en train de dormir. Poséidon, encore en colère contre Ulysse, reproche aux Phéaciens de l’avoir aidé et demande à Zeus de le punir. Le roi des dieux propose de punir directement les Phéaciens en endommageant leur navire, ce qu’il fait rapidement. A Ithaque, Ulysse se réveille ne comprenant pas où il est puisqu’Athéna avait mis en place un brouillard autour de lui pour lui masquer la vue. Ulysse croit être retourné en Phéacie et leur reproche. Alors Athéna arrive sous la forme d’un pastoureau et est interrogée par Ulysse sur le pays où il se trouve : elle lui explique qu’il est arrivé à Ithaque et lui conseille de garder le secret sur son identité parce qu’il encourt un grave danger. Elle lui explique que Pénélope le pleure toujours et attend son retour. Pour lui prouver qu’il est bien arrivé à Ithaque, elle lui montre la rade de Phorkys, le Vieillard de la mer, et l’olivier qui s’éploie à l’entrée de la rade ainsi que la grotte des Nymphes. Elle dissipe le brouillard et Ulysse est soulagé. Athéna lui propose de déposer les différents trésors des Phéaciens dans la grotte et elle lui donne le conseil suivant :

« Songe à tourner tes coups sur ces gens éhontés (les prétendants), qu’on voit, depuis trois ans, usurper ton manoir et, le prix à la main, vouloir prétendre ta femme Elle, c’est ton retour que son âme attristée attend de jour en jour. Mais il lui faut à tous donner des espérances, envoyer à chacun promesses et messages, quand elle a dans l’esprit de tout autres projets » (p. 739).

Athéna propose alors de le rendre méconnaissable et l’envoie voir le chef des porchers. De son côté, Athéna va aller à Lacédémone pour ramener Télémaque à Ithaque.

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