
Le sage, pour Kant, correspond à un idéal : « Un homme qui n’existe que dans la pensée mais qui correspond pleinement à l’idée de sagesse » (Critique de la raison pure, 1781, citée par Baudart, 2011, p. 11). La vertu et la sagesse sont des « idées pures », qui n’existent que dans notre pensée et dont l’écart avec les faits est très important.
Dans la Critique de la raison pratique, deuxième volume de son livre des Critiques, Kant est amené à réfléchir à la notion de sagesse. Elle est assimilée à celle de « souverain bien ». Il s’agit, dit-il, de la « condition qui n’est subordonnée à aucune autre » (p. 742) et « la vertu (en tant qu’elle rend digne d’être heureux) soit la condition suprême de tout ce qui peut nous paraître désirable, par suite de toute notre quête du bonheur, et qu’elle soit ainsi le Bien suprême » (Id, p. 743). Aussi, le sage est celui qui est capable de tendre vers cet idéal :
« Les idéaux, guides pour la vie des hommes, règles et prototypes, pour l’action ou le jugement, se révèlent indispensables. L’idée pratique montre sa fécondité dans l’action réelle. L’homme ne peut s’accomplir sans elle. L’idée de sagesse et l’idéal du sage inspirent qui se met à leur école et à leur écoute » (Baudart, p. 13).
Ainsi, la sagesse est un idéal mais nous disposons d’idées pratiques en mesure de tendre vers la sagesse, comme – selon Kant – l’avaient compris d’anciennes écoles de l’Antiquité (les stoïciens et les épicuriens). Dans tous les cas, pour Kant, faire de la science :
« Est la porte étroite qui conduit à la doctrine de la sagesse, si l’on entend par là non seulement ce qu’on doit faire, mais aussi ce qui doit servir de règle aux maître pour bien tracer et faire connaître le chemin de la sagesse, que chacun doit suivre, et empêcher les autres de s’égarer (p. 804).
La science ici doit être recherchée « avec critique et engagée avec méthode » : nous retrouvons ici la référence à l’empirisme de Hume pour qui la science se construit sur l’expérience. Ainsi, si la sagesse est un idéal, il ne saurait y avoir de « Sage » à proprement parler puisque, dans une perspective métaphysique, le seul Sage est Dieu comme ont pu le montrer les auteurs de l’Antiquité et du Moyen-Âge.
Sources :
Baudart A., Qu’est-ce que la sagesse ? Paris, Vrin, 2013
Kant E. « Critique de la raison pratique » (1788) in Œuvres complètes tome 2, Paris, La Pléiade, pp. 597-804.


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